Les chasseurs de cristal de Chamonix
Le changement climatique fait fondre les glaciers et le permafrost du massif du Mont Blanc, révélant des cristaux cachés dans des poches autrefois recouvertes de neige. Simon Akam a participé à une expédition avec l'un des chasseurs les plus légendaires de la région, un alpiniste français audacieux qui accomplit des ascensions dangereuses pour découvrir des spécimens valant des dizaines de milliers de dollars.
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Par un après-midi partiellement nuageux d'août 2019, j'ai suivi un guide de montagne espagnol nommé Simón Elías sur des terrasses granitiques abruptes sur la face nord d'un sommet de la partie française du massif du Mont Blanc. Le sommet de la montagne, appelé Les Courtes, culminant à 12 561 pieds, se dressait à 1 000 pieds au-dessus de l'endroit où nous grimpions, et à 2 000 pieds au-dessous de nous se trouvait le glacier d'Argentière, dont la surface était striée de crevasses. Nous étions entrés dans le bassin d'Argentière par un point bas de la ligne de crête appelé Col des Cristaux, qui se traduit en anglais par Crystal Pass, avant de traverser latéralement le flanc de la montagne. Sur une autre corde, le photographe Nicolas Blandin évoluait aux côtés d'un homme de 66 ans prénommé Christophe Péray.
La topographie était compliquée : de la neige fraîche collait au flanc de la montagne et je perdais périodiquement de vue Elías devant moi alors qu'il se déplaçait derrière les rochers. La communication avec Blandin et Péray n'était possible qu'à travers des cris en écho.
J'ai assuré Elías alors qu'il mettait une came avant de se positionner sur le visage pour découvrir un quatre. Four signifie four en français, mais dans ce contexte, le mot fait référence à des cavités à flanc de montagne qui, au sens le plus large, ressemblent à un endroit où l'on pourrait faire du pain. L'anglais a divers termes géologiques équivalents : fissure de type alpin, fente alpine ou, plus simplement, poche. Celui-ci se trouvait sur un rebord enneigé, large de quelques pieds au maximum. Cependant, à moins d'être un expert, il serait difficile de distinguer le site des 1 000 autres corniches de ce type sur le visage.
J'ai crié en demandant si la poche était grande. "Non, ce n'est pas énorme", résonnait la voix d'Elias en français. « Mais il y a de belles pièces ici. De très belles pièces. »
Cette zone contenait plusieurs poches similaires, qu'Elías et Péray avaient découvertes quelques semaines plus tôt en descendant en rappel depuis la crête au-dessus. Jusqu'à récemment, elle était recouverte en permanence de glace et de neige, mais celles-ci ont fondu, probablement à cause du changement climatique.
Je me suis précipité et j'ai rejoint Elías sur le rebord. Quelques minutes plus tard, Blandin et Péray apparaissent également sur les lieux. L'Espagnol a chanté une mélodie sans paroles pendant qu'il conduisait des pitons et nous attachait à la paroi rocheuse.
Alors lui et Péray commencèrent à déneiger la corniche et à pénétrer dans la cavité. L'ouverture s'est élargie au fur et à mesure qu'ils creusaient jusqu'à ce qu'elle soit à peu près assez large pour contenir un ballon de football. Leurs outils comprenaient un ciseau et un râteau en plastique vert que Péray s'était approprié de l'équipement des châteaux de sable de ses enfants. Ils se sont également préparés avec des chalumeaux pour faire fondre la glace restante, le gaz sifflant dans l’air raréfié des hautes altitudes. "Pour le moment, la neige m'empêche de voir correctement", a déclaré Péray en français. « Après avoir déneigé et enlevé quelques pierres, je devrais les atteindre très bientôt. »
Nous étions en hauteur, face au nord et à l'abri du soleil. J'ai attendu dans le froid jusqu'à ce qu'Elias, accroupi sur ses genoux, commence à retirer des morceaux d'une substance vitreuse sombre. Quelques morceaux plus petits arrivèrent en premier, qu'il tint ensemble dans sa main gantée orange et grise comme des billes surdimensionnées et irrégulières. Le bloc qui suivit était beaucoup plus grand, de la taille d’une petite brique, ses surfaces étant inclinées en une pointe acérée, comme un microcosme des montagnes hérissées tout autour de nous. C'était translucide. C'était pour cela que nous étions venus.
Simon Akam